en ce qui concerne le traité entre la Russie et l’Estonie sur la frontière, nous n’avons pas dénoncé ce traité parce que nous ne l’avons pas ratifié. Nous avons révoqué notre signature et nous pensons l’avoir fait à juste titre, parce qu’à part l’appréciation du passé que l’on peut contester de la part de l’Estonie, il n’est pas acceptable de présenter des prétentions territoriales à ses voisins, sur le plan juridique.
Q – Pourquoi la Russie a-t-elle dénoncé le traité sur sa frontière commune avec l’Estonie tout récemment qui est aussi la frontière avec l’Union européenne ? Est-ce que c’est la preuve des ambitions impériales de la Russie ? Le président de Pologne et quelques dirigeants des pays baltes ont été offensés parce qu’on ne les a pas invités aux festivités de Kaliningrad. Pourquoi ne les avez-vous pas invités ?
M. Vladimir Poutine – Tout d’abord, en ce qui concerne le traité entre la Russie et l’Estonie sur la frontière, nous n’avons pas dénoncé ce traité parce que nous ne l’avons pas ratifié. Nous avons révoqué notre signature et nous pensons l’avoir fait à juste titre, parce qu’à part l’appréciation du passé que l’on peut contester de la part de l’Estonie, il n’est pas acceptable de présenter des prétentions territoriales à ses voisins, sur le plan juridique. C’est une question de principe sur le maintien des frontières existantes. La référence au Traité de l’accord de 1920 crée une base pour des prétentions territoriales contre la Russie. Mais nous allons continuer le travail avec nos partenaires estoniens et lettons pour rechercher des solutions mutuellement acceptables.
Sans aucune vexation, en ce qui concerne les invitations aux festivités, je pense que les journalistes ont tendance à inventer des choses. Normalement, la célébration du 750ème anniversaire est une activité intérieure de la Russie. Lorsque le groupe des trois se réunit dans le cadre de la rencontre annuelle de Brême, personne n’était vexé si on ne les invitait pas. Ou encore lorsque le G4 se rencontre, les présidents ou les dirigeants décident des solutions à leurs problèmes dans le format qu’ils souhaitent. Et rien ne contredit la pratique des relations diplomatiques. Mais nous avons aussi eu des hôtes invités par la municipalité : une centaine de délégués de Pologne et des pays baltes ont partagé avec nous ces festivités.
Situation politique de Kaliningrad
Territoire le plus à l’Ouest de la Russie, Kaliningrad est
située sur les rives de la Mer Baltique. Séparée de la
Russie par les États baltes et la Biélorussie, elle se trouve en quelque sorte isolée depuis l’éclatement de l’URSS en 1991.
Le 1er mai 2004, l’Union européenne (UE) s’est élargie à dix
nouveaux membres, dont huit sont situés en Europe
centrale et orientale. Cet élargissement accentue l’effet
d’encerclement provoqué par l’élargissement de l’OTAN
en avril de la même année : Kaliningrad se trouve
désormais enclavée dans l’ensemble de coopération
économique et politique européen.
En incorporant cette fois les États baltes, l’OTAN inclut
désormais d’anciens territoires de l’URSS et encercle
complètement Kaliningrad.
Situation économique de Kaliningrad
La population actuelle de Kaliningrad, d’un peu moins de un million d’habitants, se compose à 78 % de Russes, à 10 % de Biélorusses, à 6 % d’Ukrainiens et à 4 % de Lituaniens.
En novembre 2002, le gouvernement russe a signé avec l’UE un accord sur la mise en place d’un document de transit facilité permettant le passage des personnes entre les deux portions de la Russie. Il s’agit en fait d’un visa qui n’en porte pas le nom et qui est gratuit – ou à prix modique pour les entrées multiples.
De plus, peu avant la mise en place du « régime de visa » en Lituanie, le 1er juillet 2003, Moscou a annoncé la baisse des tarifs aériens, au même niveau des coûts du transport par train. Le prix d’un aller-retour entre Kaliningrad et Moscou est ainsi passé à 900 roubles, soit à moins de 30 euros.
Une zone économique spéciale a été lancée en 1992, dont l’objectif est de faire de la région une porte d’entrée pour les échanges entre la Russie et l’UE.
La région dispose d’importants atouts économiques.
Elle recèle 90 % des réserves mondiales d’ambre et bénéficie d’une rente pétrolière, exploitée par la
compagnie Lukoil, qui représente pour l’instant 15 %
du budget régional. Elle possède également des secteurs d’activités dynamiques dans l’industrie du bois, du papier et de la pêche (Kaliningrad représente la deuxième flotte de pêche en importance de toute la Russie et possède de
nombreuses conserveries de poissons).
Viennent s’ajouter les importantes infrastructures portuaires et un potentiel touristique : il existe plusieurs
stations balnéaires au bord de la Baltique et Kaliningrad partage avec la Lituanie un site naturel
unique : le Cordon des Coures, classé au patrimoine
mondial par l’UNESCO.
L’élargissement de l’UE promet d’avoir un impact
économique positif pour la région : la région connaît une croissance soutenue depuis 1999, le fret maritime a doublé
entre 2002 et 2003 et de nombreux projets de
reconstruction urbaine sont prévus.
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