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Le suicide: un problème de santé publique en Lituanie

par | 11/10/2004

C’est dans les pays de l’ancienne Union Soviétique que l’on se donne le plus la mort. Le pays détenant le triste record mondial en la matière est La Lituanie avec 51,6 suicides pour cent mille habitants, devant la Russie, la Biélorussie, l’Estonie et le Kazakhstan.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) considère le suicide comme un problème de santé publique énorme mais en grande partie évitable, aujourd’hui à l’origine de près de la moitié de toutes les morts violentes. On compte actuellement près d’un million de décès annuels dus au suicide, et le coût économique se chiffre en milliards de dollars. Selon les estimations, le nombre de décès dus au suicide pourrait passer à 1,5 million d’ici 2020.

Après le succès de la Journée mondiale de prévention du suicide de l’an dernier, la Journée sera organisée à nouveau le 10 septembre 2005 par l’OMS et l’Association internationale pour la Prévention du Suicide (AIPS) pour attirer l’attention de l’opinion mondiale et lancer un appel en faveur de l’action.

Comme l’a souligné le Dr Catherine Le Galès-Camus, Sous-Directeur général de l’OMS chargé des maladies non transmissibles et de la santé mentale, « chaque décès par suicide a des conséquences dévastatrices du point de vue affectif, social et économique pour d’innombrables familles et amis. Il s’agit d’un problème de santé publique mondial et tragique qui provoque plus de décès que les homicides et les guerres réunis. Il faut d’urgence intensifier et coordonner l’action au niveau mondial pour éviter ces morts inutiles. »

Au niveau mondial, le suicide représente 1,4 % de la charge de morbidité, mais les pertes dépassent le seul cadre de la santé. Dans la Région du Pacifique occidental, le suicide est à l’origine de 2,5 % des pertes économiques dues aux maladies. Dans la plupart des pays européens, le nombre de suicides dépasse le nombre annuel des morts dus aux accidents de la circulation. En 2001, le nombre de décès par suicide a dépassé le total combiné des décès par homicide (500 000) et consécutifs à des faits de guerre (230 000).

Parmi les pays fournissant des données sur le suicide, on trouve les taux les plus élevés en Europe orientale et les taux les plus faibles le plus souvent en Amérique latine, dans les pays musulmans et dans quelques pays asiatiques. Les données sur le suicide dans les pays africains sont plus rares. On estime que le nombre de tentatives de suicides est 10 à 20 fois plus élevé que le nombre de décès par suicide et ces tentatives entraînent souvent des hospitalisations et des traumatismes physiques, affectifs et mentaux même si on ne dispose pas de données fiables sur l’étendue du phénomène. Les taux ont tendance à augmenter avec l’âge, mais on a récemment constaté un accroissement alarmant des comportements suicidaires chez les jeunes de 15 à 25 ans dans le monde entier. Sauf en milieu rural en Chine, le suicide touche davantage l’homme que la femme même si inversement le nombre des tentatives de suicide est le plus souvent plus élevé chez les femmes.

L’OMS a organisé aujourd’hui un séminaire spécial sur la prévention du suicide à Genève au cours duquel se sont exprimés le Dr Le Galès-Camus ; le Dr Benedetto Saraceno, Directeur du Département Santé mentale et abus de substances psychotropes; le Professeur Lars Mehlum, Président de l’AISP et Professeur à l’Université d’Oslo; Mme Sohini Banerjee, chercheur de Calcutta (Inde); M. Mark Milton, Président de l’International Federation of Telephone Emergency Services (IFOTES) qui a son Siège en Afrique du Sud; et le Révérend Cosette Odier, aumônier du Centre hospitalier universitaire vaudois.

On distingue un grand nombre de causes sous-jacentes complexes à l’origine d’un comportement suicidaire, notamment la pauvreté, le chômage, la perte d’un être cher, des disputes, une rupture et des ennuis professionnels ou avec la justice. Les antécédents familiaux ainsi que l’abus de l’alcool et des drogues, les sévices sexuels subis pendant l’enfance, l’isolement social et certains troubles mentaux comme la dépression et la schizophrénie jouent aussi un rôle crucial dans de nombreux cas. Une maladie physique et une douleur incapacitante peuvent aussi accroître le risque de suicide.

Comme l’a souligné le Professeur Mehlum, « Il faut bien prendre conscience que le suicide est évitable et que le fait d’avoir accès à un moyen de se suicider constitue aussi bien un important facteur de risque qu’un déterminant du suicide. »

Les moyens les plus couramment utilisés sont les pesticides, les armes à feu et les médicaments comme les analgésiques qui peuvent être toxiques en doses excessives. Une récente percée à cet égard a été la décision de nombreuses sociétés pharmaceutiques de commercialiser les analgésiques en plaquettes thermoformées plutôt qu’en flacons dont le contenu est plus aisément accessible, ce qui a un impact significatif sur leur utilisation comme moyen de se suicider. On s’efforce actuellement de réduire l’accès aux pesticides et d’encourager une surveillance, une formation et une action communautaire meilleures concernant leur utilisation, par exemple un meilleur stockage et des dilutions appropriées. Les pesticides constituent une cause particulièrement fréquente de décès par suicide en milieu rural en Chine. Des restrictions concernant l’accès aux armes à feu ont été associées à une diminution de leur utilisation pour le suicide dans certains pays.

Parmi les facteurs de protection, on peut mentionner l’estime de soi et les liens sociaux, surtout avec la famille et les amis, l’existence d’un appui social, une relation stable et un engagement religieux ou spirituel. Une identification précoce et un traitement approprié des troubles mentaux constituent une importante stratégie préventive. Il apparaît aussi qu’une formation des agents de santé primaires à l’identification et au traitement des personnes présentant des troubles de l’humeur peut contribuer à réduire le suicide chez les personnes à risque comme on a pu le constater dans des pays tels que la Finlande et le Royaume-Uni. Les interventions fondées sur les liens sociaux et la possibilité de s’adresser en permanence à un service de type « S.O.S suicide » en cas de détresse, ainsi que des programmes de contact téléphonique régulier avec les personnes âgées ont donné des résultats encourageants. En outre, les interventions psychosociales, les centres de prévention du suicide et les campagnes de prévention en milieu scolaire offrent d’autres stratégies prometteuses.

L’OMS a produit, avec l’aide d’experts du monde entier, une série de principes directeurs destinés à différents types de public qui ont un rôle critique à jouer dans la prévention du suicide et notamment les agents de santé, les enseignants, le personnel pénitentiaire, les professionnels des médias et les rescapés de tentatives de suicide. Ces principes directeurs sont désormais disponibles dans plus d’une douzaine de langues.

Comme l’a ajouté le Dr Saraceno, « Il apparaît aussi que les comptes rendus dans les médias peuvent encourager le suicide par imitation et nous demandons instamment aux médias de faire preuve de la sensibilité voulue dans leur façon de traiter ces décès tragiques et souvent évitables. Les médias peuvent aussi jouer un rôle majeur pour réduire l’exclusion et la discrimination associées aux comportements suicidaires et aux troubles mentaux. »

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